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À quand la fin des tyrans en entreprise?

8 février 2022

J’ai conscience d’aborder un sujet très délicat… mais le contexte actuel de la “grande démission” m’a convaincu d’ouvrir le débat en partageant une expérience professionnelle. ⬇️

Il y a quelques années, à titre de consultant, j’ai mené un projet de transformation majeur auprès d’un client réputé comme «difficile».

Dès les premières semaines, des signes de leadership dictatorial sont apparus:

➡️ Remise en doute répétée des compétences des experts (tous seniors)
➡️ Absence d’écoute, de reconnaissance et volonté de tout décider seul
➡️ Critiques directes et cinglantes des idées émises en rencontre
➡️ Instauration d’un climat de terreur

J’ai même été amené à devoir réaliser un audit sur le travail réalisé par l’un de mes collaborateurs senior certifié et reconnu pour ses compétences. Le client ayant de grands doutes quant à la qualité de son travail.

La raison?

Lors d’une session de réflexion créative, le collaborateur n’aurait pas utilisé « la bonne couleur » pour noter le fruit d’un remue-méninges.

Précédemment, le client avait suivi une formation sur ce type de session de travail, et le formateur lui aurait inculqué sa propre méthode de code-couleur (une sorte de recette personnelle). Bien que l’audit ait démontré l’exemplarité du travail du collaborateur, le client m’a demandé de le remplacer parce qu’il n’avait plus confiance…

Et ce n’est pas tout :

➡️ J’ai dû reconstituer l’équipe d’experts chevronnés au complet deux fois en l’espace de quelques mois
➡️ Des membres clés de l’équipe sont tombés malades, incapables de poursuivre dans ce climat toxique
➡️ Le projet allait droit dans le mur

Lorsque j’ai décidé de parler ouvertement de la situation au client, celui-ci m’a essentiellement répondu « Faites vos choix et je vais vivre avec, mais je ne changerai pas ».

J’ai alors pris la difficile décision de me retirer du projet et de laisser le choix aux membres de mon équipe d’en faire autant. Mon employeur n’était pas très heureux de ma décision unilatérale et cela a laissé une marque sur notre relation et ma réputation.

Voici donc le message que je souhaite faire passer:

Des tyrans, il y en a toujours eu, et il y en aura toujours. Et certains agissent ainsi parce qu’ils ne savent gérer autrement, c’est le mode de gestion directif qu’ils ont subi ou appris.

Personne ne devrait se sentir obligé de côtoyer des gens toxiques de peur de perdre la face ou sa réputation. Les effets à long terme sur la santé sont trop dommageables. À titre de leader, si on ne peut les éviter, il faut avoir le courage de “prendre le coup” pour protéger ses coéquipiers en s’en éloignant le plus possible : « Les clients passent, les coéquipiers demeurent ».

Bref, n’ayez pas peur de dire C’EST ASSEZ !

Pensez avant tout à votre santé et celle des membres de votre équipe.

 

Cet article a initialement été publié sur LinkedIn en février 2022.